Dans le cadre de l’exposition collective Contemporaines !, Hors-les-murs, Artothèque de Caen, 2020.

Les différents mouvements sociaux féminins de ces dernières années n’épargnant aucun domaine de notre société, y compris celui de la culture, ont permis la libération de la parole et la mise au jour du sexisme latent.
Miroir de la société qu’elle représente, la collection de l’Artothèque n’est pas exemptée par la supériorité numérique des hommes. Ainsi, au terme d’un constat, seules 21% de productions plastiques d’artistes féminines composent le fonds. Cette carence a amené l’Artothèque à une prise de conscience et à s’engager avec volonté vers une meilleure représentativité des artistes dans le champs de la création contemporaine.
Pour sa deuxième participation aux journées du Matrimoine, l’Artothèque propose de découvrir dix artistes – nationales et internationales, confirmées ou emergents – présentes dans sa collection : Yto Barrada, Virginie Barré, Anne Brégeaut, Armelle Caron, Sandy Cloupeau, Anne Hämäläinen, Anne Houel, Lydie Jean-Dit-Pannel, Leticia Martinez Perez et Virginie Trastour. 
L’exposition Contemporaines !  montre la diversité des sujets abordés et la variété des médiums travaillés par les artistes femmes. Alors que Plurielles, la précédente exposition présentée dans le cadre des journées du Matrimoine, témoignait de l’engagement et des revendications féministes des artistes, Contemporaines ! expose l’étendue de leurs réflexions. 
Cette exposition a la volonté de présenter leur travail, leurs œuvres, dépourvu de l’aune du genre, pour ne pas réduire leurs expressions artistiques à un discours sociologique. Elle a aussi vocation à lutter contre les stéréotypes sociaux féminins que nous transposons du corps des femmes à leurs œuvres tel le glamour, le sexy, la fragilité, l’élégance ou la séduction, qui faussent notre jugement et notre regard.
À artiste, nous apposons femme, alors que nous ne nous sentons nullement obligé.e.s de préciser le caractère masculin d’un artiste homme. Nos mots révèlent souvent nos maux, et le mal de notre société est de faire du masculin la norme. Malheureusement la scission du statut de femme de celui de l’artiste est toujours d’actualité. L’historienne et critique d’art Élisabeth Lebovici confirme :  catégorisée comme appartenant à «l’autre sexe», l’artiste (femme) reçoit d’office la marque d’une différenciation qui englobe également ses productions. 80% des effectifs des écoles d’arts françaises sont féminins, hors seulement 20% de ces artistes vivent de leur travail. On comprend alors qu’il ne suffit pas de se définir comme artiste pour être reconnues comme telles. 
La déconstruction de notre perception genrée de la culture doit s’effectuer à tous les niveaux du champs de la création, des écoles au marché de l’art. Mais également — et surtout — au public, vous, nous, moi, d’ôter le voile genrée de devant ses yeux, pour enfin, ne plus regarder que des œuvres d’Artistes.

Jennifer Fevrier