Relations en tension & propositions élastiques

(…) Une extase matérielle contre la perversion perturbatrice des figurations… Car l’humain, dans tout ça, fait pâle figure, n’est-ce pas ? Pauvres images figuratives : aguicheuses !… provocantes !… incitatrices !… s’efforçant de nous faire miroiter ce lieu possible où vivre intensément, paraître libres et danser ivres jusqu’à l’aube ; de nous faire croire encore à ce séjour promis d’une perpétuelle fête des autres, mais qui ressemble à s’y méprendre au carnaval fantôme de ces frères humains qui après nous vivez, que chantait François Villon dans son intemporelle Ballade des pendus. Que font là, se dit-on, en effet, ces vieux posters érotiques témoignant d’un âge phallocratique passablement désuet et nécrosé, fanatiquement découpés et fichés aux murs comme les fétiches paillards d’une civilisation éteinte, sans autre forme de procès décoratif : cloués sur de vulgaires bandes élastiques ou bien scotchés, dans tous les sens, dans des vestiaires métalliques hors d’usage ? Et ces romans de gare ou d’espionnage à deux balles, aux couvertures choc et sexy, disposés négligemment comme des « produits inessentiels » laissés là après le service, ficelés chacun d’une bordée de caoutchoucs élastiques noirs (de la couleur du « fleuve » éditorial dont ils sont pour la plupart issus) comme pour en protéger les bords… ou peut-être… ou surtout, pour en maintenir le contenu bien hermétique et les préserver ainsi de la moisissure, telles ces rondelles de caoutchouc employées en cuisine comme joints de stérilisation pour les bocaux de conserve. 

Mais si, comme le disait l’artiste Erik Dietman : « une boîte de conserve nuit, tandis qu’une boîte de nuit conserve ! » alors, des usages barbares d’une archéologie fruste des figurations périmées de la vie moyenne, dont Virginie Trastour s’est faite la conservatrice trash. (…)

Vincent Labaume